
Le changement est une petite mort.Un chapitre qui se ferme, une part de soi qui s’efface doucement, parfois brutalement.Même lorsque l’on sait, au fond de soi, que c’est pour le mieux, il y a toujours ce vide.
Ce moment où l’on n’est plus tout à fait celui qu’on était, mais pas encore celui qu’on deviendra.
Le deuil, dans son sens premier, c’est la douleur ressentie après une perte.Mais il ne concerne pas seulement la mort.
Nous traversons des deuils tout au long de notre vie :
Le deuil d’un travail que l’on quitte ou que l’on perd.
Le deuil d’un projet, d’un rêve qu’on ne réalisera pas.
Le deuil d’une relation, d’un amour, d’une amitié.
Le deuil d’un rôle qui nous a définis pendant des années.
Le deuil d’un lieu, d’une maison où l’on a laissé une part de soi.
Mais dans nos vies effrénées, prenons-nous vraiment le temps de les traverser ?
On nous pousse souvent à avancer vite, à voir "le positif", à ne pas nous attarder sur ce qui fait mal.Mais si l’on ne s’arrête pas un instant, si l’on ne vit pas ces étapes, alors la douleur ne disparaît pas. Elle se fige. Elle se cristallise.
Et c’est ainsi que, petit à petit, le cœur se referme.
Pourquoi le changement nous bouscule tant ?
Nous voulons avancer, évoluer, nous transformer.Mais dès qu’un changement se présente, il nous bouleverse.
Parce qu’au-delà de la peur de l’inconnu, il y a la perte de ce qui était avant.Nous ne faisons pas seulement le deuil d’une situation, nous faisons le deuil de la personne que nous étions encore hier.
Et cela demande du temps.
Certains ont besoin de parler, d’écrire, d’exprimer ce qui se passe en eux.D’autres, comme moi, ressentent ce besoin de silence, de s’arrêter, de se poser, de laisser le flot des émotions passer en eux avant de pouvoir repartir.
Peu importe la manière dont on le traverse.Ce qui compte, c’est de se donner ce droit.
Le droit de ralentir.Le droit de ressentir.Le droit d’honorer ce qui a été, avant de se tourner vers ce qui vient.
Un cœur qui se referme est un cœur qui n’a pas eu le temps de guérir
On entend parfois des gens dire :"J’ai fermé mon cœur pour me protéger.""J’e ne veux plus ressentir, c’est trop dur.""Je préfère ne plus ressentir que de souffrir."
Ce n’est pas une insensibilité.Ce n’est pas une dureté innée.C’est un poids silencieux, un deuil que l’on n’a pas pu faire.
Ce poids, parfois, ne nous appartient même pas entièrement.
Il y a ces femmes que l’on a appelées "dures", "froides", "au cœur de pierre".Elles n’étaient pas ainsi par nature.Elles étaient des cœurs refermés par la douleur, parce qu’un jour, elles ont perdu, elles ont souffert, et elles n’ont pas eu l’espace, le temps, ou le droit d’exprimer leur chagrin.
Et dans certaines familles, lorsqu’un deuil n’a pas pu être vécu, lorsque la souffrance a été enfouie au lieu d’être libérée, elle se transmet inconsciemment.
Un enfant grandit dans une maison où l’amour est là, mais où il ne circule pas librement.Non pas par manque d’affection, mais parce que le cœur est fermé, verrouillé par une douleur ancienne.Alors, l’enfant grandit avec cette impression diffuse de ne pas être aimé, non pas parce qu’il ne l’a pas été, mais parce que les mots, les gestes, la chaleur qu’il attendait sont restés bloqués derrière une barrière invisible.
Et parfois, il passera toute une vie à attendre ce "je t’aime" qui n’est jamais venu.
Le problème n’est pas d’avoir souffert.Le problème, c’est de ne pas avoir eu l’espace pour traverser cette souffrance.

Rouvrir son cœur, ce n’est pas oublier, c’est honorer
Alors, comment faire ?
Comment rouvre-t-on un cœur qui s’est fermé, un cœur qui s’est refermé par peur de ressentir à nouveau cette douleur ?
Ce n’est pas en niant ce qui a été.Ce n’est pas en essayant d’aller "de l’avant" sans regarder derrière soi.
C’est en reconnaissant ce qui a été vécu.C’est en acceptant d’ouvrir doucement cette porte,
de laisser couler ce qui a été figé.
On peut le faire par des gestes simples :
Écrire une lettre à ce que l’on quitte, à la personne que l’on était.
Allumer une bougie, poser une intention, créer un rituel de passage.
Laisser couler les larmes sans les retenir, les laisser nettoyer ce qui doit l’être.
Dire ce qui n’a jamais été dit, à soi-même, à quelqu’un, à la vie.
Parce que chaque fin porte en elle une renaissance, mais pour renaître, il faut d’abord oser traverser la nuit.
Le changement est un passage, pas une perte
Le changement n’est pas une fin, c’est un passage. Osez regarder ce qui se ferme, honorez ce qui a été, et ouvrez-vous à ce qui vient.
Nous avons tous vécu des transitions marquantes.Certaines nous ont façonnés, d’autres nous ont laissés plus fragiles.Mais aujourd’hui, nous pouvons choisir de ne plus les vivre en résistance.
Il n’est jamais trop tard pour traverser un deuil que l’on n’a pas pris le temps de vivre.Il n’est jamais trop tard pour rouvrir son cœur, et laisser circuler à nouveau la douceur, l’amour, et la vie.
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